mardi 7 septembre 2010

Vidéo: "Les mystères du chateau de dé" Man Ray 1929

Man Ray - Les Mystères du château de Dé (1929)


L'historique:

En 1929, Man Ray le photographe américain expatrié à Paris, proche des surréalistes et des dadaïstes réalise un film de commande pour le vicomte Charles de Noailles: Les mystère du château du Dé. Charles de Nouailles s'adresse à l'artiste Man Ray dont les trois précédents films - Retour à la raison, Emak Bakia et L'Étoile de mer - ont été salués par la critique, pour réaliser un film sur sa villa de Hyères conçue par Robert Mallet-Stevens. Cest à reculon que Man Ray va réaliser ce film. Il écrit dans Autoportrait: « Tout d'abord cette proposition me parut sans intérêt aucun. J'hésitais. Le vicomte m'assura qu'il m'aiderait de toutes les manières possibles, et que ce travail serait rémunéré. () Comme je serais tout à fait libre, et que le film ne serait qu'un documentaire, n'exigeant aucune invention de ma part, ce serait un travail facile, machinal et qui ne changerait en rien ma décision de ne plus faire de films. J'étais rassuré à l'idée que celui-ci ne serait pas présenté au grand public. » Charles de Noailles quant à lui a des doutes à la fin du tournage, il confie: « Je pense d'ailleurs que le film aura des photos très jolies provenant du talent de Man Ray  mais je suis moins sûr de la qualité du film lui-même, dont le scénario et le jeu me paraît un peu abracadabrant ». Contrairement à ce que pensait le vicomte de Noailles, ce film est un film d'art. Il touche de près les théories du cinéma de Canudo et d'Elie Faure. Pour Canudo, un des premiers théoriciens du cinéma, le cinéma est un art total dans la mesure où il globalise les autres arts, en conciliant les arts de l'espace et les arts du temps. Elie Faure est assez proche de cette conception: pour lui le cinéma synthétise les arts plastiques et les arts dynamiques, et le cinéma et l'architecture totalisent les autres arts. Justement, dans Les mystères du château du dé il y a de l'architecture, de la sculpture, de la poésie et de la peinture, même si cette dernière apparaît d'une manière particulière.
La musique est cependant absente du film, c'est un film muet. La musique de Donald Sosin a été ajoutée plus tard sur les copies vidéos Kino. C'est pourtant en 1929 qu'apparaît le parlant, mais man ray refuse de faire un film sonore. Les surréalistes sont contre les films parlants: « Par la faute du « mur d'argent éclaboussé de cervelle »(A.Breton), la liberté du cinéma était morte, puisqu'on ne pouvait plus, comme au temps d'Emak Bakia ou d'un Chien andalou, réaliser des films à petit frais, en toute liberté comme une poésie ou une peinture. Restait le mécénat. Ou plutôt le dernier mécène, le vicomte de Noailles, qui avait l'habitude d'offrir un film, chaque année à sa femme Marie-Laure.» écrit George Sadoul. C'est effectivement grâce au vicomte Charles de Noailles que Man Ray réalise ce film qui a comme particularité majeure de « toucher » à tous les arts (exceptée à la musique). Comment ce film réussit-il à convoquer et à mettre en mouvement ces différents arts? Comment Man Ray se sert-il des différents arts pour filmer l'architecture qui est d'habitude immortalisée par la photographie?
Ce film d'un genre particulier a pour sujet la villa de Noailles qui est en elle-même un lieu hautement artistique: de par ses propriétaires, de par les œuvres d'art qui y demeurent mais aussi par son concepteur: l'architecte et directeur artistique de décors Robert Mallet-Stevens.Man Ray réunit ces œuvres par la poésie, en structurant son film à la manière de Mallarmé dans son poème Un coup de dés jamais n'abolira le hasard.

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