vendredi 4 janvier 2013

Pistes de réflexion


Oeuvre tridimensionnelle et espace public : Giuseppe Penone, L'Arbre des voyelles, en collaboration avec Pascal Cribier, jardin des Tuileries, Paris, commande de l'État, DAP, ministère de la Culture, 2000.
Moulage d'un chêne de 30 mètres déraciné, cette œuvre de bronze, dont le titre peut évoquer un poème de Rimbaud, est emblématique de la démarche de Giuseppe Penone : démarche qui met l'inerte en consonance avec le vivant et donne matière sculpturale au temps. Ici, les cinq branches de l'arbre couché témoignent d'un passé. De ce passé fixé par une empreinte renaissent cinq vivants arbustes, cinq « voyelles », A-E-I-O-U, qui sculptent lentement le présent au rythme des saisons.

Notions spécifiques :
La commande, moulage et pratiques de la sculpture, stratégie, relation à la nature, le temps / la durée, les matériaux, 

Incitations  et propositions :

« Au contact »
Au contact du sol de chaque branche de sa sculpture Penone a planté 5 arbres d’essences  différentes (frêne, if, chêne, peuplier, orme)

Moulage bronze, empreinte, la trace, éterniser un instant :
« Donner permanence à l’instant »
Les élèves seront invités à réfléchir aux conséquences paradoxales de ce geste artistique qui revient à sculpter l'action du temps à contretemps : à donner forme sculpturale à un instant qui résiste au cours du temps : l’arbre est mort et devint éternel grâce au bronze et au geste de Penone.

« L’éphémère s’éternise… »
L’arbre est mort et devient éternel grâce au bronze et au geste de Penone.

« Empreinte(s) » ou « Paysage empreinté »
Penone garde la  trace de l’arbre grâce à la technique de l’empreinte, du moulage. Cette technique permet de conserver une sorte de réalité de l’objet (son double : identique au niveau de  sa forme mais différent par les matériaux employés)

« Répétez, c’est nouveau ! »
En utilisant la technique de l’empreinte (moulage, frottage…) montrer la différence dans la répétition.

« En passant dans le jardin »  ou « In situ »
Ce recours à la perfection mimétique  (moulage) qui provoque le trouble et attise la curiosité pour convoquer la méditation devrait conduire les élèves à s'interroger ce qui peut se déduire du rapport de l’œuvre au site et au spectateur.
Penone interroge l’espace du jardin des Tuilerie, propose un chaos végétal et sculptural dans un jardin à la française.

« Sculpter à contre temps »
Nous retiendrons au moins deux choses de ce geste inaugural : la première c'est que l'artiste fait usage du moulage pour obtenir un double, une réplique en bronze qui, telle une photographie, se saisit des états de l'instant où le temps fait surface. Instant auquel le bronze donne permanence, pérennisant l'effet de l'étreinte momentanée dans la durée. Les élèves seront invités à réfléchir aux conséquences paradoxales de ce geste artistique qui revient à sculpter l'action du temps à contretemps : à donner forme sculpturale à un instant qui résiste au cours du temps.

« Toucher le réel »
Les élèves seront invités à remarquer qu'avant d'être une quête représentative (utiliser le moulage = reproduire la réalité), une opération métaphorique ou symbolique, il s'agit pour l'artiste de rendre visible ce qui ressortit aux qualités intrinsèques du matériau, de la matière travaillée. Ce faisant, l’œuvre expose non seulement le mode opératoire de son artifice, mais aussi le processus par lequel celui-ci oeuvre en elle et les conséquences physiques et formelles du geste artistique qui le sous tend. Autrement dit, l’œuvre est réceptacle des réponses du réel à son incursion artistique.

« le trompe l’œil »
Penone introduit le doute chez le spectateur en proposant le moulage de l’arbre. Il y a un mimétisme parfait qui interroge le spectateur.

« La mémoire durable de l’arbre »
L'arbre des voyelles n'est pas imitation inerte, il est cause de forme. Formation lente et continue où se sécrète la génération, où se commémore le cycle de la vie. Voyelles, les cinq arbustes s'énoncent au présent dans le testament que leur croissance sculpte. Monstre hybride du naturé et du naturant dont les chapiteaux romans ou les jardins de la Renaissance nous ont appris la fréquentation, la sculpture croissante et métamorphique des Tuileries nous convie aux réminiscences.

« Nature / culture »  ou « Naturel/ artificiel » ou « La nature en jeu » ou « être d’esprit et de nature »
Penone oppose un matériau utilisé par l’homme (le bronze) à la croissance du végétal. Le végétal grâce à sa lente croissance va englober le moulage de bronze.

« La matière contient l’idée »
De la tradition sculpturale Penone retient une posture qui le conduità honorer la matière en exhumant la forme qu'elle seule est susceptible de contenir ou de générer. Mais sa quête est toute matérialiste. A l'ascèse des classiques qui situent l'idée au-delà d'un monde sensible que l'art aurait mission de transcender, il substitue celle d'un artiste à la recherche d'un principe immanent, sans arrière-monde. Un « toujours déjà là » jusque là imperceptible dont il s'agit de rendre tangible la découverte. Ainsi la poutre équarrie nous révèle-t-elle en son principe, la mémoire enfouie de l'arborescence, l'âme de l'arbre, de cet arbre là que le temps compté de l'industrie a recouvert d'une gangue d'oubli : la forme utile de la poutre. Il n'est pas insignifiant que l'arbre, matière vivante et toujours unique mais se prêtant à la confection d'objets industriels et commerciaux identiques vienne s'imposer à un artiste qui tente de surmonter l'inconsistance du présent en lui donnant couleur d'éternité. Ambition somme toute « moderne » au sens baudelairien qui lui fera souhaiter que l'éphémère s'éternisât.

« Modernité et vanité » ou  « Passé, présent (futur) »
En « éternisant » un élément éphémère (l’arbre) Penone parle de la mort et en même temps de la vanité de la vie.

« Echelle 1 : grandeur nature»
Le moulage de l’arbre oblige Penone à exposer une œuvre à l’échelle 1. Il s’agit du moulage d’un arbre, d’un élément naturel (grandeur « nature »)

« Contraste maximum »
Le bronze s’oppose au végétal, le naturel à l’artificiel, l’éphémère à l’intemporel, l’inerte au vivant, l’horizontal à la verticale…. L’Arte Povera et plus particulièrement la sculpture de Penone joue sans cesse des contrastes et des oppositions. Le questionnement naît souvent de ces contraires.

« Faire et laisser faire » ou  « Le temps à l’œuvre » ou « Regardez ne suffit pas ! » ou « Une œuvre, ça s’entretient ! » ou « Achever sans finir »
Quand peut-on dire qu’une œuvre est terminée ? En intégrant le végétal dans son œuvre Penone laisse la nature achever son œuvre. En quelque sorte il délègue à la nature la responsabilité de terminer son travail !
« on peut faire les choses sans forcer » G. Penone.













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